Méthodologie de philosophie bac et supérieur

28/01/2014 19:36

Méthodologie de philosophie

bac et supérieur

 

Qu'est-ce que la philosophie?

 

La définition de la philosophie est en philosophie et en épistémologie est en toute franchise...une grosse blague^^. En effet, la logique veut que l'acte de définir implique que le définissant n'enveloppe pas le défini pour définir, c'est-à-dire que la philosophie ne peut se définir elle-même. Dès lors, l'idée de définir la philosophie nécessite l'usage d'une autre science apte à la définir, ce qui n'existe pas puisque la philosophie se retrouve dans les bases de toutes les sciences.

On peut toutefois s'accorder sur une définition par la négative, c'est-à-dire en démontrant ce que la philosophie n'est pas en tant que discipline. Ainsi, la philosophie n'a pas pour objet premier les nombres ou la logique comme les sciences exactes même si elle peut s'en servir. Elle n'a pas non plus pour objet l'étude du réel sous sa forme sensible comme en sciences expérimentales (physique, chimie, sciences de la vie et de la Terre,...) ni les changements d'existence de société comme l'Histoire ou la géographie et les autres sciences sociales.

De là, on comprend que la philosophie est la science s'interrogeant sur les objets que les autres sciences n'étudie pas, ce qui ne l'empêche pas pour autant de se servir des autres disciplines. Parmi ces différents objets, on retrouve la métaphysique et le sujet, la culture, la politique, la raison et le réel, ou encore la morale.

 

La dissertation

 

Que ce soit en philosophie ou en étude de lettres, la dissertation demeure l'exercice roi. En philosophie, elle prend une forme bien spécifique.

 

I) Qu'est-ce qu'un problème philosophique?

Un problème philosophique est, contrairement aux idées reçues, très simple: il s'agit d'une question face à laquelle deux thèses opposées se valent.

Exemple: Dieu existe-il?

Thèse 1: la thèse matérialiste dirait que Dieu est une invention de l'Homme lié à des délires religieux servant à s rassurer face à l'infinité du monde, à notre propre finitude voire à justifier certaines politiques ou certains actes.

Thèse 2: La thèse thomasienne et cartésienne démontant l'existence nécessaire de Dieu logiquement

=>pour St-Thomas d'Aquin, Dieu est défini comme ce qui a le plus de puissance d'exister et dire que Dieu n'existe pas signifie que ce qui a le plus de puissance d'exister (ou ce qui existe nécessairement) n'existe pas ce qui n'est pas logique.

=>Pour Descartes, le cogito ergo sum implique que le sujet existe mais du fait de sa finitude, il lui faut quelque chose d'infini pour exister. Or, Dieu est infini selon sa définition.

A ces problèmes philosophiques se joignent des faux problèmes soit des fausses questions philosophiques que l'on reconnaît aisément car elles sont sans réponse. En dissertation, il s'agit des sujets qui sont à remettre en cause dans le raisonnement.

Exemple: Que sommes-nous?

La question implique de savoir s'il est possible pour nous de nous définir. Or, l'acte de définir rend impossible à un individu de se définir lui-même. En outre, penser qu'un être vivant peut être défini signifie que toute la nature d'un être vivant peut être comprise dans une définition fixe, annihilant toute idée d'évolution et de vie. Qu'importe donc de savoir ce que nous sommes puisque nous ne pouvons le savoir, le tout est d'être.

 

 

 

 

II) Le plan dialectique

 

La dialectique est un raisonnement inventé par Hegel et qui vise à confronter les thèses pour en ressortir une synthèse. Elle suit alors un mouvement simple:

I/ Thèse 1, la plus évidente ou partagée

II/ Antithèse: critique de la thèse 1 ou thèse 2

III/Synthèse ou dépassement de l'opposition des deux thèses de départ

=>il y a trois types de synthèse:

type 1: on donne raison à une des deux thèses

type 2: on prouve que le sujet était un faux problème (quand c'est le cas)

type 3: on formule une nouvelle thèse réglant le problème

 

Il s'agit du type de dissertation le plus courant et le plus simple à mettre en oeuvre.

 

Exemple: y a-t-il un mal en soi?

Thèse: Leibniz explique sur les bases de l'évidence et de la logique que le mal est en soi et qu'il est vu sous trois ordres (physique ou affection d'un être intelligent et sensible, métaphysique: tout êtres finis est imparfait comparé à Dieu qui est parfait, et moral avec la faute). Ce mal s'explique par le création selon lui: Dieu aurait créer le monde selon la meilleur combinaison des éléments possible mais n'aurait pas pu enlever le mal.

Antithèse: A ce courant, qualifié péjorativement par Voltaire au XVIIIème siècle d'optimisme, Spinoza s'oppose au XVIIème siècle en démontrant qu'il n'y a pas de bien et de mal en soi ou absolu mais seulement des choses bonnes ou mauvaises selon chacun. Il s'agit ici d'un point de vue relativiste issu de sa philosophie moniste (ni matérialiste ni idéaliste).

Réexpliqué dans le contexte de cette dissertation cela donnerait:

1/La conception de Leibnniz implique que le monde serait transcendant et que Dieu insufflerait la vie au monde. Ce qui implique que le monde soit hors de Dieu et donc la possibilité du vide et du néant.

-Or, si Dieu est ce qui a le plus de puissance d'exister ou ce qui est parfait, et chez Spinoza une substance infinie et éternelle par définition, alors il ne peut y avoir de vide ou de néant car cela signifierait que Dieu puisse ne pas exister ce qui est absurde du fait de sa définition.

-Dieu ne crée donc pas le monde mais est le monde et chaque chose est une de ses modifications qui suit non pas sa volonté mais les nécessités de sa nature. (pas de divinités ou de mysticisme chez Spinoza mais un dieu philosophique qui se rapproche du concept d'Univers actuel)

2/la deuxième erreur est au niveau du mal en soi qui implique qu'une modification de la substance soit vouée à produire l'imperfection de la substance.

-Or; c'est absurde du fait du premier point: Dieu ou l'Univers existe nécessairement et son autodestruction est en contradiction avec sa nature. Il y a en revanche des affects qui font varier la puissance d'exister des choses finies issues des modification de la substance et qui sont bons ou mauvais selon chacun.

Exemple trivial: Paul peut aimer les légumes alors que sa soeur Huguette les déteste car les légumes ne sont pas un bien absolu mais sont bons ou mauvais selon chacun.

 

Synthèse: Nietzsche propose une bonne synthèse en prônant non seulement le relativisme mais aussi le dépassement de la morale qui ne tient plus sans les valeurs de bien et de mal absolu.

 

 

 

 

 

 

 

III) Le plan analytique

 

Le plan analytique est un autre type de réflexion qui demeure rare en dissertation. Elle vise à développer la dissertation en divers thèmes en partant du plus évident au plus implicite. Ce type de plan nécessite cependant une exhaustivité plus grande dans les connaissances.

 

Exemple: peut-on parler à bon droit de mal en soi?

Thème 1: Est-ce cohérent?

Thème 2: Est-ce possible?

Thème 3: Est-ce juste?

 

 

IV) La préparation

 

L'objectif de l'épreuve au bac est le même dans toutes les filières. Il s'agit d'évaluer l'aptitude du candidat à: mobiliser une culture philosophique dont les programmes précisent qu'elle n'est jamais séparable de la réflexion, construire une réflexion pour répondre à une question ou pour expliquer un texte et, dans ce cadre, poser un problème lié à une ou à plusieurs notions de chacun du programme, conduire un raisonnement de manière rigoureuse, en définissant et en analysant les concepts mobilisés, en appréciant la valeur d'un argument et en discutant une thèse de manière pertinente et en rapport avec la ou les notions des programmes précités qu'elle met en jeu, procéder avec méthode, introduire un problème, organiser sa réflexion en étapes en analysant les exemples, les termes ou les formulations qu'elle mobilise, enchaîner logiquement ses idées en établissant une transition entre elles, et proposer une conclusion. La clarté et la correction de l'expression sont évidemment requises. Au cours de cette épreuve, trois sujets sont proposés (deux dissertations, une explication de texte). Le candidat doit donc en choisir un et le traiter en quatre heures. Afin d'utiliser efficacement le temps de l'épreuve, il importe que le temps de préparation ne dépasse en moyenne 30 min afin d'avoir deux heures et demi de rédaction et le reste pour la relecture et la correction.
Au rattrapage, il s'agit d'une explication d'un extrait de l'oeuvre (ou d'une des deux pour les littéraires) étudiées dans l'année qui dure 20min.

Dans le cadre de la dissertation, le sujet est généralement une question directe. La préparation suit alors une méthode simple:

1/Lecture du sujet (3 fois au moins)

2/Définition des termes clés qui amène naturellement un paradoxe et une problématique

3/Problématisation et construction du plan

Conseil: le bon plan est celui qui fera sens dans votre esprit

 

 

 

V) La rédaction

 

L'introduction: il s'agit d'amener le sujet et de le présenter à un lecteur qui ne le connaît pas. Aussi faut-il le soigner et ne pas lui lancer le sujet dans la mouille sans qu'il puisse dire ouf^^. Pour cela il y a une méthode simple: PAPA.

Paradoxe: amorcer en présentant l'opposition de deux thèses possibles autour d'une question philosophique (logiquement ou datée historiquement)

Analyse ou définition argumentée des termes du sujets

Problématique

Annonce de plan

 

 

 

Exemple avec une introduction résumé sur le sujet: la liberté est-elle l'essence de la vérité comme le pense Heidegger?

 

« C'est au XXème siècle que Martin Heidegger déduit de son étude de la vérité que l'essence de celle-ci n'est autre que la liberté. Pour autant, le principe même de vérité soit d'accord entre l'intelligence est un objet apparaît comme inaccessible et est de fait largement remis en cause par le scepticisme notamment Pyrrhonien qui y voit une pure illusion. Il en va de même pour la liberté soit, au sens classique, l'expression de notre puissance d'être, qui est considérée comme douteuse par le scepticisme et le déterminisme. En effet, les sens et la logique semblent être loin de suffire pour accéder à des certitudes. Dès lors, faut-il penser la liberté comme essence de la vérité à la manière de Heidegger ou considérer ces deux concepts comme illusoires et les rejeter? Ne serait-il pas plus juste de repenser le rapport entre liberté et vérité? Pour le savoir, un premier point permettra de comprendre la conception heideggerienne de la vérité et de la liberté. De là, il sera possible d'aborder la critique du sceptique disant que la vérité étant inaccessible, son essence demeure imperceptible. Cette contradiction analysée, il faudra repenser les concepts et leurs liens intrinsèques. »

 

Le développement: De là suit le développement qui comme en français ou en Histoire-géographie nécessite des alinéas à chaque sous-parties et de sauter une ou deux lignes entre les grandes parties. De même, ces parties se composent d'une idée générale de la partie et de deux à trois voire quatre sous parties qui la démontrent et d'une transition à la fin de chaque partie.

 

La conclusion: La conclusion est un simple bilan de l'argumentation. L'ouverture est selon les écoles interdites (le plus souvent au bac) ou autorisée.

 

L'explication de texte

 

L'explication de texte ou commentaire philosophique est le troisième sujet au bac écrit et l'épreuve proposé au rattrapage. Le texte est un extrait d'une oeuvre philosophique étudiée ou non par le candidat qu'il faut commenter. Ce commentaire suit la méthode suivante:

 

I) Préparation

-lecture (3 reprises environ)

-repérer le thème, la problématique, la thèse et l'organisation du texte à l'aide des connecteurs logiques, des figures de styles éventuelles,...

-déduire du repérage le propos de l'auteur:

il s'agit d'expliquer la thèse du texte tout restant critique (il faut recontextualiser, voir à quoi l'auteur s'oppose, expliciter le propos, en montrer la portée, les techniques d'arguments, et les héritages quand c'est possible,...)

 

II) Rédaction

La rédaction suit les mêmes règles de temps que la dissertation mais a une forme spécifique: il s'agit d'un commentaire linéaire.

Introduction: l'introduction suit un plan TPTP

Thème: de quoi parle l'auteur?

Problématique: quel est le problème traité?

Thèse: quelle est la réponse de l'auteur?

Plan: quel est le plan d'argumentation de l'auteur?

Développement: suivre le plan du texte linéairement et commenter chaque élément en vous demandant pourquoi l'auteur dit ça? À quoi ou qui s'oppose-t-il? Quel est l'intérêt?

Conclusion: il s'agit d'un bilan comme pour la dissertation.

 

Les impératifs à acquérir

 

Les impératifs à acquérir pour réussir l'épreuve de philosophie sont quasiment romaines comme le suggère la formule: SPQR

Subtilité: il faut savoir aller au fond des choses lorsque vous étudiez un problème philosophique qu'il s'agisse d'un texte ou d'une dissertation

Pédagogie: quelque soit le sujet choisit, il importe de savoir se faire comprendre et d'être clair dans son propos.

Qualité: il faut être cohérent et logique dans l'argumentation

Rigueur: la plus important, savoir éviter les écueils (hors sujet, digression, oubli d'une partie du sujet,...)

 

Dante